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  • : François Giovangigli. Art contemporain.
  • : Blog sur le travail de François Giovangigli, installations, peintures, monuments provisoires. Présentation de tout son travail et de ses dernières recherches sur les an-atomiques et les an-organiques.
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Projet :

Les nouvelles technologies d’impression numérique ont, depuis peu, les qualités suffisantes pour diffuser un travail pictural. Il suffit de regarder les progrès qu’a fait une société comme Epson avec son procédé appelé Digigraphie. Ces avancées technologiques vont apporter aux processus de création et de diffusion des arts plastiques les mêmes bouleversements qu’ont subi la musique, la vidéo et le cinéma depuis quelques décennies. Il s’agit de comprendre et d’anticiper ces nouvelles données afin de ne pas les subir mais au contraire de prévoir comment cela va changer le marché de l’art et la pratique artistique elle-même.
Je pense utiliser les nouvelles technologies d’impression numérique comme partie intégrante du processus de création. L’expression numérique en sera la finalité.
Elle ouvre des paysages d’expérimentations multiples dont je vais développer ici certains chemins. Tout en sachant que la pratique en dévoilera bien d’autres.


Démarche :

Suite à mon travail sur l’image de l’homme face à la mort, les gisants et les Monuments Provisoires, mes recherches sur le corps se poursuivent sur deux axes : les an-organiques et les an-atomiques.
Ce sont des corporalités sexuées improbables sur fond de peinture gestuelle abstraite.
Ce travail se fait en petits formats, principalement des carnets. Ils ont cette qualité de garder tous les chemins, même ceux qui ne mènent nulle part. Et ils obligent à diffuser uniquement les numérisations, étant pratiquement impossibles à exposer.


Processus : le processus se construit en plusieurs étapes.

Première station : la peinture gestuelle abstraite.
L’équation entre le support, les outils, les diluants et les couleurs est fondamentale, de cela dépend la rapidité d’exécution et les temps de séchage. Les palettes sont organisées avec des couleurs évoquant le charnel, l’organique, le sexe : des roses chair au rouge sang, des jaunes graisseux et pisseux, des blancs d’os, des verts pourrissants, des marrons sales, des bleus digestifs et le noir.
En fait, peut-être, toutes les couleurs.
La volonté est affirmée de trouver des nouvelles techniques de peinture avec les dilutions, les jus, les transparences et le mélange de pratiques diverses.
Cette strate est totalement soumise à des contraintes multiples comme la température, l’hydrométrie, la porosité du support, l’état mental et émotionnel du jour, la quantité et la qualité du diluant et des couleurs, la géographie du lieu de travail et des palettes, la taille et la qualité des outils, la rapidité et la violence du geste, la sensualité, l’improvisation et la maîtrise des techniques entre autres. Elle est fondatrice.

Deuxième station
: l’élaboration des corporalités.
Des accidents de la strate précédente se dessine un désir organique et ludique. Cet instant est intimement conditionné à un rapport direct à l’inconscient et à mon propre corps. Certains jours, rien ne se révèle, la peinture reste obstinément opaque, d’autres, les choses s’incarnent avec l’évidence de l’instant.
Ces figurations extrapolent la continuité sensuelle de la peinture avec le monde, la matière, organique ou inerte.

Troisième station: la déconstruction, la mise en danger.
C’est la phase de travail la plus difficile à décrire. C’est dans la confrontation directe à l’artiste et la mise en danger que l’œuvre s’ouvre à l’autre, au public. C’est le moment où tout peut se déconstruire, se détruire, se modifier où le décalage intervient. D’autres éléments peuvent apparaître comme du texte ou une collaboration avec divers intervenants, danseurs, poètes, alcool, musique.

Quatrième station: la numérisation et la diffusion numérique.
Les carnets sont numérisés pour être diffusés. Seuls les produits de cette numérisation sont proposés au public et commercialisés : éditions numériques, vidéo projections, Dvd. Dans un premier temps, je pense exposer des tirages de grands formats, de l’ordre de trois mètres.
Pour la commercialisation, on étudiera toutes les possibilités. Le numérique permet de sortir du dictat de l’œuvre d’art unique, à taille unique dans un lieu unique et peut réellement démocratiser le marché de l’art. Ces sujets seront traités plus tard.


Petit rappel pictural :
La peinture est une aventure chimique, on ne travaille pas avec des couleurs mais avec des matières colorées. Certaines expérimentations se matérialisent à une échelle précise. On peut imaginer utiliser d’autres supports, d’autres outils, d’autres diluants mais la chimie de la peinture se maintiendra à une taille précise. Il y a donc tout un processus à inventer car le numérique permet justement ce changement d’échelle. Montrer la peinture comme elle n’a jamais encore été montrée, rendre l’indicible visible, exprimer le presque rien, le détail, la coulure, le naufrage, l’à-côté.

La numérisation offre aussi la possibilité de remonter le temps, de montrer la genèse d’une œuvre. Des scans successifs effectués à tous les stades d’un travail peuvent révéler les différents éléments d’un processus artistique, les choix, les doutes, les prises de risque, les aveuglements, les infinies possibilités et leur précision.
Le choix des techniques et des diluants dépend des supports et du désir tactile.
Sur le papier bible des carnets « Moleskine » sont privilégiés l’huile et les essences, pour la finesse des jus et pour que le papier ne gondole pas. D’une page à l’autre la transparence et les grandes dilutions mélangent les propositions plastiques et accentuent l’unité, chaque étape intégrant un tout et le modifiant simultanément. Pour les papiers trop poreux, une couche de vernis mat est passée. Les figurations sont souvent réalisées avec de la peinture à l’huile, principalement noire, le temps de séchage lent permettant de sculpter le trait et les lumières.

Ce nouveau langage pictural soutient des thématique précises.
Comment peindre un trou, un orifice et quelle en est la différence. Quel rapport entre la caresse des poils du pinceau et celle d’une main sur les miens.
Comment peindre une fente, une cicatrice, une contraction, une odeur de sexe, une blessure, un écoulement corporel, une frustration, une jouissance, sûrement en repensant la peinture comme une continuité physique et sensuelle du corps.
J’imagine les difficultés de lisibilité d’une telle démarche car elle est tellement différente de l’art contemporain officiel. Mais elle s’adresse à chacun dans son intimité, ici et maintenant, sans concessions.


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