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  • : François Giovangigli. Art contemporain.
  • : Blog sur le travail de François Giovangigli, installations, peintures, monuments provisoires. Présentation de tout son travail et de ses dernières recherches sur les an-atomiques et les an-organiques.
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Texte du catalogue édité par le Musée des Beaux-Arts de Chartres,

écrit par Maîté Valles-Bled.

Exposition dédiée à Catherine Camboulives.



Portes et passages, Monuments provisoires et installations réorganisent l'espace dans les salles du Musée habituellement dévolues non à la présentation des oeuvres mais à la circulation des visiteurs. Lieux d'apparats, significatifs de l'élégance XVIII° du palais épiscopal, et lieu religieux désaffecté de la chapelle de l'ancien évêché sont investis de constructions temporaires. François Giovangigli et Gilles Privé installent leurs peintures dans des architectures édifiées pour les recevoir, structures tubulaires d'échafaudages pour le premier, constructions en bois pour le second.

Leur situation dans l'espace, leur plan, leur élévation induisent un cheminement qui place le spectateur à l'intérieur même de l'oeuvre et lui propose une lecture "enveloppante" , en rupture totale avec le traditionnel accrochage sur une cimaise. Ici, l'espace qui sépare habituellement l'oeil du mur sur lequel est présenté le tableau est anéanti.

Giovangigli et Privé ont fondamentalement une même préoccupation, celle du rapport de l'homme avec la mort. La mise en commun de leurs constructions, les réponses que mutuellement elles se renvoient développent un itinéraire que l'on pressent initiatique et dont les étapes se révèlent comme autant de rituels.

 D'entrée, la Fontaine noire de Giovangigli saisit. Par la mise en scène bien sur, les illuminations violentes et saccadées des stroboscopes, l'organisation de l'oeuvre qui se présente comme une sculpture, une sculpture qui envahit la totalité de l'espace et que l'on peut regarder d'une manière frontale, grâce à une large ouverture ménagée dans une palissade de bois. Une sculpture qui pourrait bien être u tableau en trois dimensions. Mais elle saisit surtout par le jet noir qui se déverse en silence, inexorable, sur des têtes de poissons béantes, dressées au dessus de la masse liquide, sombre et inerte. L'huile de vidange a supplanté l'eau; la source claire n'est pas tarie mais, pire peut-être, est empoisonnée. Qu'en sera-t-il de la vie? Si les têtes de poissons séchées, éléments récurent dans l'oeuvre de l'artiste, évoquent habituellement le poisson, symbole des premiers chrétiens, elles représentent ici avant tout une référence organique à la vie originelle, évidence (jamais) acquise, sans cesse menacée, sacrifiée. Mille roses fraîches pendues au plafond opposent une inquiétante fragilité à l'odeur mécanique et froide de cette mare d'huile noire.

Au fur et à mesure que l'on avance à l'intérieur du passage de Gilles Privé, apparaît peu à peu à l'extérieur, dans la chapelle sur laquelle il débouche, le polyptyque monumental de Giovangigli. Immense retable installé devant l'autel, il s'élance à huit mètres de hauteur, au centre d'un échafaudage élevé selon un plan en forme de croix. Il s'impose telle une réponse aux questionnements, aux tâtonnements opérés lors de la traversée du passage. L'or du Paradis est éclatant, mais est-il accessible?

A quels errements sont voués les deux gisants, masculins et féminins, représentés dans le bas du polyptyque?

A quelle prisons sont destinés les poissons noués au dédale des tubes d'échafaudages ou figés dans des boites d'huiles noires?

Ici les couleurs de la lutte s'affrontent: les rouges (peints avec du sang de porc) et les noirs (de charbons et de cendres) s'opposent à la promesse des ors. La victoire accessible est suggérée, chez Giovangigli, Par la dynamique de la verticalité

Tout est possible, tout demeure incertain.

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